Les Chinois mangent à partir de 11h30, ça tombe bien, il commence à se faire faim. Non loin du lac, le restaurant le plus réputé de la ville Yuanwaillou reconnaissable par son toit rouge. C’est ici, que nous allons déjeuner. Le restaurant est immense, un escalier gigantesque nous conduit à l’étage où nous allons manger. Petite sélection de plats typiques : poulet mendiant, porc à l’ananas, aubergine et canard. Le poulet mendiant est la spécialité du restaurant, il est cuit dans des feuilles de lotus. C’était à l’époque, le plat des pauvres car facile à faire et d’où son nom. Le goût du poulet aromatisé aux plantes, je suppose que c’est le lotus qui devait donner ce goût là. Délicieux, mais un peu difficile à attraper avec les baguettes.
Après le repas, direction le temple Lyngin, temple bouddhiste détruit et reconstruit à plusieurs reprises. À l’entrée se trouvent les grottes de Feilafeng ou les grottes « venues en volant », en effet toutes les roches autour du lieu sont en granit, celle-ci est en calcaire, c’est pourquoi les bouddhistes donnent à cette grotte une signification sacrée. Le temple a été construit par un moine venu d’Inde, et l’on pense que la montagne serait venue d’Inde pendant la nuit pour montrer la puissance de la loi bouddhique. Pour éviter que la montagne « ne reparte », des statues de Bouddha ont été sculptées dans la pierre. Certaines statues ont été sculptées par l’érosion, ce sont les statues naturelles. L’endroit était vraiment calme et les statues semblaient vraiment se fondre dans le paysage. Ce n’était qu’un avant goût de ce qui nous attendait à quelques mètres à l’entrée du temple.
Au moment d’entrer dans le temple, un magnifique porche menant vers une première salle « la salle des Rois célestes ». Sur la façade un écriteau en chinois, Leo nous le traduit « Le temple des nuages et des forêts » un programme qui met en bouche. Une fois dans la salle, wahoo, elle est immense en taille mais aussi en plafond et ornée de magnifiques décorations. Au centre, le Bouddha souriant ou Maitreya, symbole « d’entrée » se retrouvant dans la majorité des temples en Chine. Il règne dans cette salle une ambiance particulière et certains visiteurs sont agenouillés devant la statue pour prier et se recueillir. Nous n’osons pas trop parler tant le silence est pesant, Leo nous parle à voix basse de la symbolique des 4 statues autour du Bouddha. Situées sur les deux côtés, 2 par 2, se sont en fait la représentation des 4 Rois célestes du Nord, Sud, Est et Ouest, chacun ayant une expression particulière pour le représenter (colère, gentillesse, force…..), et de couleur bleu ou rouge. Cette salle est incroyable, et de n’importe quel endroit à l’intérieur, il y a quelque chose de grand et majestueux à observer. A l’arrière du Bouddha souriant, se trouve le Bouddha représentant la sagesse (Skanda), il est très importante pour le temple, car très ancien.
Juste derrière, encore tout abassourdis par la beauté de la première salle, une autre salle bordée de camphriers, de mûriers et d’autres très beaux arbres. Dès la porte franchie, un autre Bouddha encore plus énorme que le premier (30 mètres de haut), en bois de camphrier recouvert de 80 kilos d’or. Là aussi le plafond est très haut et décoré magnifiquement. A l’arrière, une sculpture représentant 150 personnalités, Leo nous explique rapidement et nous raconte des petites anecdotes sur ces personnalités. Il nous parle notamment des Arhats dont les 18 principaux sont présents sur les côtés de la salle, et du numéro 500 (le dernier car ils sont au nombre de 500) qui serait le préféré « car il aime vivre, manger de la viande…. les moines bouddhistes étant végétariens ». L’occasion aussi pour Leo de nous parler rapidement du bouddhisme : les Arhats sont des disciples qui ont atteints le nirvana (le plus haut stade du bouddhisme), en dessous les déesses qui n’ont pas atteint le nirvana par choix pour rester proche du peuple, la plus représentée est la déesse de la miséricorde car c’est elle qui serait la plus aimée par le peuple. Elle est symbolisée par un corps d’homme avec une tête de femme et des milliers de mains. Enfin le niveau en dessous est celui du bouddha (qui cherche à atteindre le nirvana).
Après ce petit cours simplifié, toujours pour rester dans le bain, à quelques pas se trouve la salle des 500 Arhats. Dès l’entrée, nous avons l’impression d’être dans une sorte de musée, en effet des statues en bronze impressionnantes de réalisme dans les expressions du visage sont disposées de par et d’autres des allées. Impressionnée par la minutie de ces sculptures, je demande à Leo de quand datent ces statues, elles sont en fait toutes récentes. Il y en a bien 500, c’est impressionnant et toutes sont très différentes avec un visage et des accessoires uniques. Sur les murs des Swastika (croix bouddhique, croix gammée inversée), symbole qui nous a beaucoup décontenancé sur les plans pour repérer les temples au Japon ou en Chine. Il est vrai que nous n’avons pas la même histoire. Pour terminer cette superbe visite, une dernière salle avec des sutras (textes sacrés), où se déroule une petite messe dédiée au peuple, dispensée par quelques moines chantant en chinois. Tout autour d’eux, une foule d’offrandes, principalement des fruits. Ce temple serait l’un des principaux centres en Chine, ce qui permet de mieux comprendre la beauté et la richesse de ce qu’il contient. Quel dommage que nous ne puissions prendre des photos qu’à l’extérieur.
La journée n’est pas encore finie, direction maintenant « le village du thé » à Meijiawu. Beaucoup de personnes viennent ici le week-end, le village est extrêmement réputé pour boire du thé et jouer aux cartes. Ce village n’est pas très grand, et là où nous nous trouvons il n’y a qu’une grande rue avec des plantations de thés de chaque côté de la rue. Notre guide nous arrête dans la cour d’une des dernières plantations de la rue, là une jeune femme nous attend et nous remet un badge. Leo nous montre alors les arbres à thé et nous explique qu’ici, il n’est pas traité, cueillies à la main, les feuilles sont ensuite réchauffées manuellement en faisant tourner un grand bac en cuivre, puis triées. Cette maison apparemment a vu passer de nombreuses célébrités, nous voyons les photos de ces personnes en exposition en continuant la visite comme la reine d’Angleterre par exemple. Nous découvrons ensuite qu’il existe différentes qualités de thé chinois, la meilleure étant appelée « thé du dragon » mais aussi que le thé a énormément de vertus. Vertus qu’on nous explique avec de l’iodine/iode versé sur du riz censé représenter l’eau que nous avons dans le corps (si j’ai bien tout compris). Le riz se teinte alors de la couleur de l’iode. Le même processus est ensuite répété mais avec des feuilles de thé, l’eau devient alors limpide. Prêchant une convaincue, car j’adore le thé vert et en bois depuis longtemps, on nous explique que le thé nettoie et purifie par ses principes anti-oxydants. La maison propose toute une gamme de produits à base de thé, et même des gélules, parait-il même que les Chinois utilisent la même dose de feuilles de thé pendant 24h ne rajoutant que de l’eau chaude. Nous avons eu la chance de tester ce fameux thé, et bien sur sommes repartis avec un peu de thé en souvenir. Nous n’avons pas encore tenter de réutiliser les feuilles plusieurs fois mais cela semble très intéressant et surtout très rentable. Il est facile de voir que cette maison n’est pas juste une plantation de thé, car à la fin de notre visite, nous sommes dirigés vers le magasin. Et là, c’est juste un truc de fou, on se croirait dans un souk avec des minis boutiques de vêtements, de nourritures, d’objets en bois, de foulards en soie….. personnellement j’ai trouvé que ça a gâché un peu la visite. Mais bon il faut bien faire vivre le commerce local comme on dit et nous avons eu l’occasion de goûter des bonbons au thé et des sucreries à la fleur de lotus.
Direction ensuite la vieille ville d’Hanghzou qui à l’époque était entourée de murailles et dont il ne reste plus rien aujourd’hui. Promenade dans la rue Hefangjie où se trouvent beaucoup de petits magasins du sculpteur en bois jusqu’au fabricant de petits bonbons au sésame ou aux amandes. Certains font la démonstration d’écraser en direct les aliments à l’aide d’un énorme pillon en lançant des « oh hé » à chaque coup. Ca donne de l’animation à la rue qui l’est déjà beaucoup avec les nombreuses personnes qui vont et viennent entre les différents magasins. Plus loin l’ancienne pharmacie du docteur Hu. Cette pharmacie date d’environ 1850, elle a été construite car la famille du docteur n’était pas contente de ne pas trouver ce qu’il fallait pour soigner leur mère malade. Elle est facilement reconnaissable par sa devanture en briques blanches ornée de symboles chinois dorés, elle est tellement imposante qu’elle occupe facilement la place de 3 ou 4 magasins. En face se trouve la clinique où il faut se faire osculter avant de chercher ses médicaments, le diagnostic se fait à l’aide des points traditionnels du corps en médecine chinoise.
Dès l’entrée dans la pharmacie, le bâtiment est énorme, des bancs avec des patients qui attendent leurs prescriptions et nous, nous promenons dans la pharmacie. Dans une première salle des bocaux avec de drôles de plantes à droite et à gauche et au fond des gens en blouse blanche et masque sur le visage s’affairent énergiquement derrière des comptoirs en bois. Leo toujours avec nous, nous explique que ces personnes sont en fait des pharmaciens qui préparent les commandes des médicaments. Mais attention ici les préparations ne sont faites qu’à base de plantes. Chaque plante est donnée au patient dans un sachet qu’il faut faire bouillir pendant 3 ou 4 heures chez soi avant de pouvoir boire la préparation. Cette « soupe de plantes » dégage une forte odeur, il est donc très difficile de pouvoir la faire à n’importe quel endroit, c’est pourquoi il est possible d’acheter la préparation toute prête, ce qui explique les odeurs un peu étranges en nous promenant. Mais il est conseillé pour plus d’efficacité d’acheter les plantes « naturelles ». Malheureusement la médecine chinoise et les médicaments sont très chers. La salle juste à côté est la salle des médicaments déjà en boîte, j’en profite pour demander à Leo si je peux trouver des « baumes du tigre » ici (réputée pour soigner les petits bobos de la peau et surtout très efficace). J’ai de la chance ils en ont, il faut retourner dans l’autre salle pour payer et nous voici nous aussi patient, c’est amusant. Des choses étranges en vitrine que nous explique Leo, comme les nids d’hirondelle à base de salive d’hirondelle, extrêmement rare car l’espèce qui produit cette salive ne se trouve qu’à un seul endroit, ce produit est particulièrement aprécié en Chine. Il réajusterait le Yin, et aiderait les femmes enceintes à rendre leur bébé plus résistant. Un nid coûte environ 30 000 Yuan. Plus loin encore des bocaux, avec des serpents séchés dans de l’alcool et des champignons avec des couleurs bizarres, dont un tout noir et très gros qui repigmenterait les cheveux blancs des adolescents, très cher aussi puisque le gramme coûte 16 Yuans.
Avant de nous reconduire à notre train, petit arrêt dans un café, ce qui nous permet de discuter un peu avec notre guide sur la vie en Chine. Nous apprenons que pour se marier en Chine, le mari doit forcément être propriétaire d’un logement pour pouvoir accueillir sa future femme. Nous l’avons déjà remarqué à plusieurs endroits, le mariage semble étre quelquechose de très important ici. La veille à Shanghai, nous avions croisé plusieurs couples de mariés se fesant prendre en photo devant de beaux bâtiments. Partout également des affiches avec des pubs pour les robes de mariées, les bijoux, les photographes. Direction la gare et après plus d’une heure de route, bien fatigués par cette journée dense en visites et découvertes, nous voici de retour dans notre hôtel à Shanghai. Hanghzou est une charmante petite ville, qui permet de voir un autre aspect de la culture chinoise et surtout de faire une énorme pause avec la ville et Shanghai. A visiter sans hésiter.
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