Aujourd’hui départ encore plus matinal que la veille et direction la gare du sud, toujours avec Yann pour nous rendre à Nanjing ou Nankin au nord ouest de Shanghai à environ 300km. Même chose que la veille, contrôle de sécurité, récupération des bouteilles d’eau et attente devant la porte que nous puissions passer et valider nos billets. Cette fois, nous ne sommes pas l’un à côté de l’autre, il faut donc négocier avec les autres passagers pour pouvoir se décaler. Une très gentille chinoise accepte sans rechigner de prendre la place de Rémi de l’autre côté du couloir, lui cédant sa place à côté de moi. Cela tombe bien elle aussi sort au terminus. Il n’y a pas de doute, ça se voit qu’ils ont l’habitude de changer de place avec le système de réservation « aléatoire ». Le trajet d’aujourd’hui est plus long (2h). Comme la veille, beaucoup de mouvements dans le train, ce qui permet de faire passer le temps un peu plus vite.
A l’arrivée, moins de monde que hier, il est vrai que nous sommes dimanche et cette destination semble moins prisée. Pourtant dès notre guide pour la journée aperçu (avec son petit panneau où il était noté Rémi et pas notre nom de famille, curieux mais bon), à l’extérieur, la ville semble assez grande et très animée. Notre guide parlant français, nous décrit un peu la ville dans la voiture. Ancienne capitale de la Chine, ici, c’est l’histoire qui tient une place importante car la ville a connu des guerres et des massacres provoqués par les changements de gouvernements et dynasties. Premier arrêt au temple Jiming, temple bouddhiste tenu par des nonnes, à quelques pas de la rue se noyant entre les bâtiments environnants. Notre guide s’absente quelques minutes pour chercher les billets d’entrée, qu’il faut récupérer sur le trottoir à gauche tout près de la rue également. Si le guide n’avait pas été là, sans doute que nous n’aurions même pas vu ce temple. L’entrée se fait par un grand escalier en pierre bordé au début par 2 lions tels qu’on les voit partout dans la culture chinoise. Après une première série de marches, un comptoir sur le côté avec un amas de tiges d’encens. Notre guide en attrape une poignée et nous les remet en nous précisant que nous pourrons faire chacun un voeu un peu plus loin. Tout en continuant de monter les marches, petite explication historique sur le lieu. Nous apprenons que l’empereur de l’époque se serait réfugié ici dans un puits avec 2 concubines et qu’elles auraient laissé leurs rouges à lèvres sur le rebord selon une légende. Nous sommes encore assez bas, car nous distinguons la magnifique pagode tout en haut, qui nous fait comprendre qu’il y aura encore beaucoup d’escaliers à monter. Les escaliers sont de plus en plus pentus et serpentent parmi les roches et la végétation du lieu jusqu’à l’entrée de la pagode. Malheureusement nous n’y monterons pas aujourd’hui. En cherchant sur Internet l’entrée coûte 5 yuans qu’il faut rajouter au prix de l’entrée qui est également de 5 yuans. Tout autour de la pagode, des tableaux au mur représentant les légendes chinoises revisitées.
Derrière la pagode, quelques escaliers et nous voici devant l’entrée d’une jolie salle où des « fidèles » sont agenouillés ou en train d’agiter les bâtons d’encens en tournant sur eux mêmes. Beaucoup de petits « billets » accrochés à des fleurs en plastique de toutes les couleurs virevoltent au vent un peu partout, ce sont des prières ou simplement des souvenirs laissés par les visiteurs. Il y en a tellement qu’on dirait un tapis de fleurs dans un jardin en extérieur. Au fond de la salle des fenêtres donnant sur une magnifique vue dégagée du lac Xuanwu et la ville de Nankin, ainsi que le reste de la muraille qui entoure la ville. Après ce joli tableau, nous pouvons enfin faire notre voeu en allant allumer nos bâtons directement dans le grand feu juste devant la salle, ça ne marche pas très bien. Heureusement une chinoise nous voyant nous battre avec nos bâtons, nous montre gentiment un endroit où se trouve une ribambelle de bougies plus adaptées. Notre guide nous précise qu’il vaut mieux se tourner vers la salle en faisant notre voeu, mais qu’au final chacun fait un peu comme il veut, d’où les gens qui tournent sur eux-mêmes. Nos voeux sont faits, nous plantons les bâtons dans le sable brûlant d’où se dégagent quelques flammes et nous commençons à redescendre. La visite a été rapide, mais nous avons quand même eu le temps d’apercevoir les 4 Rois Célestes, le Bouddha qui sourit (Maitreya) et la déesse de la Sagesse et nous avons pu nous souvenir de tout ce que nous avait dit Leo sur le bouddhisme et ses figures importantes à Hangzhou.
Direction ensuite, l’ancien palais présidentiel au coeur de la ville, palais qui lui aussi à un passé assez mouvementé car il a été au centre de l’histoire de la ville. Ce fut le palais de Docteur Su Yatsen avec la 1ère République en 1911 (fondateur de la République et président) puis de Tchang Kaï-Chek jusqu’en 1949, date de la dernière utilisation du palais. L’entrée du palais nous fait arriver dans une grande cour devant un long couloir bordé de piliers rouges. Notre guide nous explique alors que dans l’enceinte du palais il y a plusieurs bâtiments qui ont été détruits lors du grand massacre qui a marqué la ville de Nankin, puis reconstruits et que certains sont encore heureusement d’époque.
Ce couloir justement, qui était à l’époque beaucoup plus grand. Nous n’osons imaginer comme il devait être car là il est déjà très grand et très beau. Notre guide nous explique beaucoup de choses sur l’histoire des Républiques et des Dynasties, malheureusement l’histoire chinoise est tellement vaste que beaucoup de choses sont passées à la trappe de nos petites têtes et devant cet endroit si important, c’était difficile de rester concentré. De plus, chose très étrange, nous nous sentons observés de toutes parts par les touristes chinois qui semblent nous regarder avec curiosité. Devant le plan de l’endroit, une Chinoise et sa petite fille nous accostent en anglais, la petite fille essaye d’aligner quelques mots en anglais, et sa mère la rattrape en nous demandant si nous parlons anglais. Quelques mots échangés et quelques sourires plus loin, notre guide nous explique, qu’ici les Chinois aiment bien discuter avec les étrangers surtout pour que leurs enfants aient déjà quelques connaissances surtout en anglais pour leurs futures études dans d’autres pays.La visite continue dans les nombreuses salles de ce premier bâtiment transformé en musée, où nous pouvons retrouver le mobilier de l’époque lors notamment de la venue des nombreuses personnalités de l’époque, des documents importants, des machines à écrire, des tampons avec les différents symboles, des photos, mais aussi le Dr Su Yatsen ou Tchang Kaï-Chek plus vrais que nature dans différentes reconstitutions de moments importants de l’histoire. Malheureusement les salles sont un peu étriquées et il est difficile de s’arrêter avec notre guide pour avoir toutes les explications, car il y a beaucoup de monde et nous sentons toujours ce regard insistant des chinois posé sur nous.
Derrière, toujours tout en longueur, nous arrivons devant un bâtiment à l’architecture très différente, beaucoup plus sobre, il s’agit en fait de la partie administrative du palais, et sous le porche là où nous nous trouvons, notre guide nous explique que toutes les photos officielles ont été prises ici. C’est vraiment génial, d’avoir des explications en temps réel, et cela donne beaucoup plus d’importance à la visite et permet de vraiment nous imprégner de l’endroit. Voici donc, les bureaux du président et des secrétaires, la salle de réunion, un ascenseur d’époque, le tout sur 2 étages pas très haut, Rémi est même obligé de faire très attention à sa tête par endroit. Partout du monde et des groupes de visites, c’est assez difficile de se frayer un chemin par endroit, surtout qu’ils s’arrêtent la plupart du temps pour nous regarder, créant un sorte d’embouteillage dans les couloirs.
Ce regard insistant commence un peu à me déranger, je ne comprends pas très bien ce qui cloche chez nous, mais heureusement nous arrivons dans les jardins du palais, espace beaucoup moins étriqué et plus ouvert d’où on pourra nous observer de plus loin. Ce jardin est immense, impossible d’imaginer qu’un tel jardin se trouve ici. Tout est vraiment très joli et bien aménagé, les espaces sont entretenus avec beaucoup de minutie et nous ressentons assez facilement le côté agréable et paisible de l’endroit, malgré les nombreux visiteurs. Ici les rochers sont en calcaire, et l’érosion leur a donné différentes formes, ces sculptures naturelles se fondent parfaitement dans le paysage. Plus loin un kiosque à musique en bois de Paulownia, arbre avec des racines énormes. Au centre de ce somptueux jardin zen, un gigantesque plan d’eau avec des carpes koï, un pont en pierre en zigzag permet de rejoindre l’autre côté. Nous apprenons alors par notre guide pourquoi le pont n’est pas tout droit, car les mauvais esprits préfèrent emprunter les chemins tout droits plutôt que tortueux. Autre chose également, il y a toujours de l’eau et de la pierre dans les jardins zens pour équilibrer le Ying et le Yang, moi qui pensait que c’était uniquement pour faire joli, je m’endormirai moins bête ce soir. Sur le bord de l’eau, un bateau en marbre à moitié immergé avec à l’intérieur du mobilier en bois de racines tombantes. Le président recevait également beaucoup de personnes dans ce bateau. La visite de ce très beau parc se termine par les appartements à vivre où le président ne serait resté que quelques jours, on y accède par des mini-jardins (un peu au style des jardins à la française) cachés dans des sortes d’arrière-cours, notre guide nous explique que le président voulait créer des espaces de calme un peu partout dans le jardin. C’est assez amusant d’y arriver car il y a des portes creusées dans les murs avec des formes bizarres mais sans trop d’extravagances.
C’est l’heure du repas, direction un restaurant un peu plus loin, petite sélection de plats faite par notre guide. Tout arrive en quantité, poulet accompagné d’une sauce gluante orange, brocolis. On se régale ; c’est délicieux et nous sommes affamés après cette matinée si intéressante. Nous avons réussi à tout manger et voici qu’on nous apporte un énorme bol rempli de soupe au chou et à l’algue. Par politesse, on attrape une petite louche pour goûter, mais le reste ne passera pas, c’est sûr. J’aurais préféré un petit dessert, mais j’ai l’impression qu’en Chine, ils ne sont pas très dessert. Bizarre quand même de la soupe en dessert.
La suite de cette folle journée : ici.
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