4ème jour à bord du catamaran. Depuis notre arrivée à Huahine, je crains la prochaine navigation en mer, en essayant de ne pas trop y penser. Malheureusement, le moment tant redouté approche à grands pas. Après une nuit calme dans la baie, à proximité du village de Fare où nous avons dû nous éloigner un peu, car les bateaux ne doivent pas mouiller trop près du bord. Il paraîtrait que quelques fois pour faire partir les plus téméraires, des coups de fusils sont tirés. Heureusement, nous n’y avons pas assisté grâce à notre skipper qui assure comme un chef.
Cette fois-ci, par mesure de précaution, le petit déjeuner fut beaucoup moins copieux, à mon grand regret et à celui de mon estomac également qui essaya tout de même de me lancer des signaux de détresse en grognant, comme un animal mourant de faim. Mais rien d’affolant, cure de vitamines avec des fruits bien frais et une bonne hydratation avec les délicieux jus locaux, et Rémi et moi sommes fin prêt pour une nouvelle traversée.
2ème navigation en mer….. pas mieux !!
Allez! il faut bien s’y faire, c’est reparti. Je me rassure en me disant que dans quelques jours, nous serons dans un des plus bels endroits au monde et que toute cette souffrance aura été utile. Pacome démarre le moteur, pendant que Virginie nous détache. Nous traversons les quelques « milles » qui nous séparent de la passe pour sortir d’Huahine et rejoindre la mer. Jusque là, tout va bien; bien installé à l’arrière du bateau, Rémi prend quelques nouvelles de l’autre bout du monde que nous avons quitté il y a maintenant 5 semaines et moi, j’observe le paysage. Cette fois-ci encore, Pacome a accroché une canne à pêche pour essayer d’attraper quelques poissons en cours de route. Et voilà, nous sommes en mer et faisons le même trajet qu’à l’aller, mais à l’envers.
Les affaires de Rémi, posées sur la table commencent à se promener sur celle-ci et ça tangue à nouveau. Malgré le patch, je ressens une gêne, mais beaucoup moins forte qu’en arrivant. Je cherche une position adaptée pour pouvoir supporter les 3 ou 4 heures de navigation qui nous attendent. Je m’allonge sur la banquette sous une serviette pour ne pas attraper de coups de soleil, car nous sommes en plein soleil. Je suis bien décidée à ne pas être malade cette fois-ci. J’ouvre de temps en temps les yeux et Rémi n’est plus là, tandis que Pacome, à son poste de pilotage, dévore un bon bouquin en laissant le bateau filer.
Pacome, Virginie et Rémi passent régulièrement me voir pour s’assurer que tout va bien et que je n’attrape pas de coups de soleil. De son côté, Rémi s’est complètement « amariné » ( habituer un équipage à la mer), il se promène comme un vrai matelot sur le bateau et bronze dans le filet à l’avant du bateau.
Oh ! des perles !!
Dès les premières accalmies, en arrivant à proximité de l’île de la Vanille, j’arrive enfin à me remettre sur mes 2 pieds. Environ 3h à rester allongée sans rien faire, c’est long, pfiou! C’est enfin fini. Nous repassons par la même passe que nous avons quittée à l’aller. Pour le déjeuner, nous mouillerons tout au sud de l’île. En tout début d’après-midi, après une petite baignade autour du catamaran et une pause digestive sur les matelas flottants du bateau, nous partons avec Pacome et l’annexe pour visiter une ferme perlière un peu plus loin sur le rivage.
Ahhhhh! La perle de Tahiti, tout un symbole, et enfin, le mystère sur cette petite merveille de la nature est dévoilé. Comme la plupart des personnes, nous pensions qu’il suffisait d’ouvrir le coquillage (l’huître) pour récupérer une jolie perle. Eh bien non, cette perle est fabriquée par l’homme. Nous avons la chance d’avoir une visite particulière avec la propriétaire des lieux « la ferme perlière Champon » qui nous explique tout le processus de création d’une perle. Tout d’abord, il faut introduire un nucléon (petite boule solide fabriquée par un coquillage) dans une huître de 4 ans. A l’intérieur d’une huître, il y a de la nacre et une huître est choisie en fonction de la couleur que sa nacre produit. Un greffeur prélève un greffon et l’insère avec le nucléon dans l’organe reproducteur délicatement incisé. L’huître est ensuite attachée sur une corde à 10/15m de profondeur en attendant qu’elle produise la perle.
Une huître vit 30 ans et produit une perle tous les 18 mois et peut être greffée jusqu’à 5 fois. Une fois la perle récoltée, il explique plusieurs gabarits et qualité de perle: A étant la meilleure qualité et le prix le plus élevé, B présentant une irrégularité estimé à 25% du prix du A et C, plusieurs irrégularités, 50% du prix du B. Les huîtres sont greffées le matin et environ 20 000 huîtres produisent des perles chaque année. C’est impressionnant ! Le métier de greffeur demande une très grande précision car un moindre faux pas ferait mourir l’huître; il existe d’ailleurs un diplôme spécial pour ce métier.
Aujourd’hui encore, quand j’observe ma perle au poignet en souvenir de cette belle et agréable visite, je ne peux m’empêcher de me rappeler de tous les merveilleux moments passés en Polynésie. Cette perle est devenue mon anti-dépresseur quotidien, juste un coup d’œil et je repars en mer.
A l’ouest…. Du corail !!
Il est encore tôt et comme nous l’a promis Pacome, dès notre retour sur le cata, nous partons vers l’ouest de Taha’a vers le fabuleux « jardin de corail » dont tout le monde nous parle comme un endroit magnifique pour le snorkelling. Avec l’annexe, nos masques, nos chaussures pour marcher dans l’eau, appareils photos, caméra, et du pain dur mis de côté par Virginie, nous nous mettons en route. Du pain ? encore une coutume locale peut-être, mais Pacome nous assure que nous ne serons pas déçus…
Nous laissons l’annexe sur le sable d’un motu et suivons Pacome qui attrape quelques feuilles de catalpa pour nettoyer nos masques avant d’aller sous l’eau. Chouette! Nous allons pouvoir tester ce qui nous a été vanté à Huahine hier. Un peu plus loin, nous arrivons près d’une étendue d’eau basse qui recouvre à peine quelques coraux. C’est marée basse; ce n’était pas prévu mais il y a assez d’eau pour pouvoir nager. Nous avons la consigne de bien faire attention aux coraux et de surtout suivre Pacome.
Dès les premiers mètres la tête sous l’eau, un paysage aquatique digne d’un aquarium géant. Des poissons multicolores nageant à quelques millimètres de nous. Cette fois c’est sûr, pas besoin de faire de la plongée ; ici non plus, les poissons sont partout et n’ont pas peur du tout de nous. Pacome devant nous sort le pain dur et fait des petites miettes; quelques secondes plus tard un groupe de poissons rayés jaunes, noirs et blancs arrive à toute vitesse pour grignoter le pain. Comme ils sont beaux ces poissons, à mon tour de les nourrir. Energiques ces poissons papillons, en quelques secondes, je n’ai plus rien.
Vers la fin du parcours, l’eau est de plus en plus basse et il est difficile d’éviter les coraux. Pacome est déjà loin devant et il faut ruser pour se frayer un passage entre les plantes. Rémi n’ayant pas de chaussures pour l’eau se blesse en effleurant du pied une patate de corail. Mais heureusement, dès notre retour sur le cata, Virginie presse un peu de citron sur sa plaie. L’acidité brûle mais c’est le médicament le plus efficace pour une guérison rapide. Il est vrai que ce n’est pas évident d’avoir toujours du citron sur soi quand on part faire une plongée, mais c’est une astuce à retenir. Mais le plus important c’est surtout de prévoir des chaussures adaptées !
Nous quittons cet endroit magnifique pour mouiller un peu plus haut dans la baie pour la nuit. Ce soir, nous avons une vue sur ce qui nous attend demain : Bora Bora. L’île nous paraît proche et lointaine à la fois, difficile de ne pas être excités à l’idée d’arrivée là bas. Mais d’abord, il faut aller se reposer de cette journée magnifique autour de beaux petits bijoux naturels qui semblent bien préservés. A voir sans modération !
Le mardi 17 septembre
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